Relu et revu par La Mine de Graphite
On rencontre souvent des personnes brillantes qui ont quitté le système scolaire en ayant peu voire pas de diplôme. Ces dernières n’ont soit pas voulu, soit pas pu poursuivre leurs études pour tout un tas de raisons : un manque de motivation à un instant t, un problème de santé, une situation familiale complexe, une précarité financière… Or, bon nombre d’entre elles se retrouvent ensuite à occuper des postes sur lesquels elles ne peuvent pas exprimer leurs potentiels.
L’idée de cet article n’est pas de tomber dans l’écueil qui consiste à dire que les non-diplômés sont plus doués que ceux qui « se sont conformés au système scolaire » et qui ont obtenu de « bons diplômes ». En effet, cette façon de voir les choses ne vaut finalement pas mieux que celle qui consiste à penser naïvement qu’être diplômé d’une grande école est gage d'une supériorité intellectuelle par rapport au reste de la population.
En effet, le but est plutôt de proposer des solutions visant à résoudre un problème ayant deux principales conséquences préjudiciables :
1 - Beaucoup de personnes qui n’ont pas fait d’études supérieures ressentent un sentiment de frustration de ne pas avoir le droit à une seconde chance ;
2 - Les entreprises passent à côté d’un vivier de talents dont personne ne soupçonne la valeur.
Qu'entend-on par diplôme ? 🎓
Le mot "diplôme" utilisé dans cet article fait référence à l'obtention d'un diplôme national délivré par l’Éducation Nationale française allant du CEP (Certificat d’Études Primaires) jusqu'au doctorat en passant par le Baccalauréat, les BTS (Brevet de Technicien Supérieur), les DUT (Diplôme Universitaire de Technologie), les licences et les masters.
Quelques chiffres : 📈
🇫🇷 Selon les chiffres de l'INSEE, le décrochage scolaire concernait encore environ 7,8% des 18-24 ans en 2021. [1]
🇫🇷 L'INSEE nous donnent des chiffres datant de 2022 sur le nombre de personnes, en France, n'ayant pas de diplôme ou seulement le brevet des collèges par classe d'âge [2] :
👉 25-34 ans : 10,8% n'ont pas de diplôme/seulement le brevet des collèges
👉 35-44 ans : 13,2% n'ont pas de diplôme/seulement le brevet des collèges
👉 45-54 ans : 16,4% n'ont pas de diplôme/seulement le brevet des collèges
👉 55-64 ans : 25,4% n'ont pas de diplôme/seulement le brevet des collèges
➡️ Même si la proportion de profils n'ayant pas de diplôme diminue avec le temps, on constate qu'une part considérable des moins de 45 ans n'a pas ou peu de diplôme.
🇫🇷 L'Observatoire des Inégalités nous fournit d'autres chiffres datant de 2016 et qui concernent la proportion de personnes n'étant pas ou peu diplômées par catégorie socio-professionnelle [3] :
👉 Agriculteurs exploitants : 20%
👉 Artisans, commerçants et chefs d'entreprise : 19%
👉 Cadres et professions intellectuelles supérieures : 3%
👉 Professions intermédiaires : 7%
👉 Employés : 23%
👉 Ouvriers : 35%
➡️ La part de collaborateurs n'ayant pas de diplôme est particulièrement faible chez les cadres et professions intellectuelles supérieures.
🇫🇷 D'autres chiffres l'INSEE nous apprennent qu'en 2022, 73,4% des 25-34 ans avaient obtenu le baccalauréat (général, technologique ou professionnel). Par ailleurs, parmi les personnes de cette tranche d'âge ayant obtenu le baccalauréat [4] :
👉 30,9% n'ont aucun diplôme supplémentaire
👉 16,8% ont un diplôme de niveau bac+2
👉 51,5% ont un diplôme supérieur à bac+2
➡️ La part de personnes n'ayant pas obtenu de diplôme supérieur à bac+2 parmi les 25-34 ans qui ont eu le baccalauréat est élevée (48,5%), or il s'agit de plus en plus d'un prérequis pour prétendre à occuper des postes de cadres.
Nous avons pensé à deux mesures que les entreprises pourraient mettre en place : 🦾
1️⃣ Organiser de manière régulière des sessions de recrutements drastiques au cours desquelles les entreprises sélectionneraient des profils n’ayant pas ou peu de diplôme pour occuper des postes habituellement ouverts à des bac+5. En effet, cela donnerait de l’espoir à de nombreuses personnes qui y verraient une opportunité que les cartes soient rebattues ;
2️⃣ Se fixer dans un premier temps un quota de 10% d’embauche de personnes non-diplômées ou peu diplômées à des postes initialement destinés à des bac+5. Cela permettrait aux entreprises de tester le concept avant d’envisager de le déployer à plus grande échelle.
En conclusion, le recrutement de profils moins capés sur le plan académique serait l’occasion de créer une diversité nouvelle qui n’existe quasiment pas en France à l’heure actuelle. La question de l’obtention des diplômes étant étroitement liée à la question sociale, cela permettrait non seulement aux entreprises d’embaucher des profils réellement atypiques mais aussi de souvent créer une réelle mixité sociale au sein de leurs effectifs.
Nos sources : ⛲
[1] Sorties précoces du système scolaire − Indicateurs de richesse nationale, 2022Insee [en ligne]. Disponible à l’adresse : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3281681?sommaire=3281778#tableau-figure1
[2] Diplôme le plus élevé selon l’âge et le sexe en 2022, 2023. Insee [en ligne]. Disponible à l’adresse : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2416872#figure1_radio2
[3] Le niveau de diplôme des catégories sociales, 2016Observatoire des inégalités [en ligne]. Disponible à l’adresse : https://www.inegalites.fr/Le-niveau-de-diplome-des-categories-sociales
[4] Diplôme le plus élevé selon l’âge et le sexe en 2022, 2023. Insee [en ligne]. Disponible à l’adresse : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2416872#tableau-figure1_radio2
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